Reprise des fusions et acquisitions : perspectives et tendances actuelles
Après deux années de ralentissement marqué, le volume mondial des fusions et acquisitions a affiché une croissance de 23 % au premier semestre 2024, selon Refinitiv. Les opérations transfrontalières retrouvent une dynamique inattendue, malgré un contexte géopolitique incertain et une remontée des taux d’intérêt.La répartition sectorielle révèle une concentration sur la santé, les technologies et l’énergie, tandis que l’appétit des fonds de capital-investissement se maintient à des niveaux historiquement élevés. Les entreprises réévaluent leurs stratégies d’expansion et de consolidation, alors que les régulateurs multiplient les interventions sur les grands dossiers internationaux.
Plan de l'article
Où en est le marché des fusions et acquisitions à l’aube de 2025 ?
Le marché des fusions-acquisitions (M&A) a radicalement évolué en 2024, propulsé par des mouvements de capitaux inattendus. D’après PwC et LSEG, la valeur des transactions affiche une progression mondiale de 5 %, stimulée par la réapparition de méga-deals qui changent la donne dans l’écosystème.
Voici un chiffre révélateur de l’année :
- Sur le premier semestre, on compte pas moins de 72 opérations de plus de 5 milliards de dollars finalisées. Du jamais-vu depuis cinq ans.
Dans le même temps, le nombre total de transactions recule de 18 % tous secteurs confondus. La taille moyenne d’une opération bondit à 146 millions de dollars, en hausse de 11 % sur un an. Cette évolution vers des opérations de plus grande ampleur traduit la priorité accordée par les principaux acteurs à la consolidation : privilégier la puissance à la quantité, quitte à réduire le nombre d’offensives pour aller plus loin à chaque coup.
Côté géographie, la redistribution des cartes est nette. Les États-Unis restent le centre névralgique, concentrant la majorité des capitaux investis, tandis que l’Europe recule nettement : la France essuie, à elle seule, une chute de 29 % du nombre d’opérations. En Asie-Pacifique, le Japon et l’Inde s’imposent avec une hausse marquée de la valeur des transactions, signe d’une bascule progressive du centre de gravité mondial.
Cette contraction touche tous les secteurs. Des technologies (-27 %) à l’énergie (-8 %), la tendance ne fait pas d’exception. Les entreprises réajustent leurs stratégies, sélectionnent avec rigueur les opérations à effet de levier, et cherchent avant tout la création de valeur là où la mutation s’accélère. D’après PwC, Deloitte et LSEG, le cap est désormais mis sur peu d’opérations, mais des enjeux plus lourds. L’époque des portefeuilles dispersés laisse place à celle du ciblage chirurgical.
Facteurs déterminants et nouveaux enjeux pour les acteurs des M&A
La hausse des taux d’intérêt menée par les banques centrales a un effet immédiat sur le financement des opérations. Les plus grands deals voient leur structure financière fragilisée, les coûts de la dette grimpent, et la marge de manœuvre des acquéreurs se resserre. Pour les fonds de private equity, la pression monte : produire rapidement du rendement devient un casse-tête, d’autant que la sortie des participations se complique dans un univers où la liquidité s’assèche.
Le climat géopolitique tendu, entre échéances électorales et incertitudes commerciales, pousse les investisseurs à avancer prudemment. Ils privilégient les secteurs réputés plus résilients. Technologies, santé et énergie restent en tête pour l’accueil des méga-deals.
Les méthodes d’exécution changent de visage. La due diligence s’étend bien au-delà de la simple analyse financière : les risques opérationnels et réglementaires occupent désormais le devant de la scène. Le succès d’une opération passe par la maîtrise des synergies, une intégration post-fusion anticipée et une gestion méticuleuse des risques. Conseillers financiers et banques d’affaires jouent un rôle charnière, coordonnant non seulement la finance, mais aussi les systèmes informatiques et la protection des données. On assiste à une généralisation des Transition Services Agreements (TSA), devenus quasiment incontournables pour garantir la fluidité et éviter que la chaîne ne se brise après la signature.
Quelles tendances majeures dessinent l’avenir des opérations de fusion-acquisition ?
Un virage s’opère avec l’affirmation de la technologie comme levier de compétitivité. L’émergence de l’intelligence artificielle (IA) modifie profondément la manière d’aborder chaque étape : identification de cibles, due diligence, analyse de synergie. Les professionnels du conseil en M&A s’entourent de nouveaux profils capables de traiter un volume de données inédit pour affiner chaque décision. Cette accélération technique modifie en profondeur les réflexes de la profession.
Un autre front, moins visible mais tout aussi décisif : la montée de la cybersécurité. Les stratégies de sécurisation Zero Trust entrent dans la norme et redéfinissent le calendrier. Les directions informatiques interviennent dès les premières phases, anticipant vulnérabilités et incidents pour protéger les actifs au fil des transferts. À ce stade, négliger le facteur cyber, c’est courir au-devant du risque de voir une opération se transformer en casse-tête.
Pour illustrer la transformation en cours, trois tendances dessinent le paysage à venir :
- Transformation des entreprises : Les opérations de M&A accélèrent la modernisation des systèmes d’information et réorganisent les chaînes de valeur à un rythme inédit.
- Opportunités sectorielles : Santé, énergie et intelligence artificielle jouent le rôle de locomotive, tandis qu’une attention extrême est portée au choix des cibles dans un univers où les valorisations sont hautement scrutées.
- Analyses post-fusion : L’intégration s’appuie sur une cartographie très fine des applications, des données et des risques , une démarche désormais placée au centre de toutes les stratégies par les meilleurs spécialistes du moment.
D’ici peu, la vraie distinction se fera entre ceux qui sauront transformer ces défis en leviers d’élan, et ceux qui resteront spectateurs du mouvement. Le prochain chapitre du marché M&A s’écrira sans filet, sur la ligne de crête entre innovation technologique et maîtrise opérationnelle.